Elégie

Au début des années 1660, l’élégie connaît un regain de faveur, prodrome du succès dont le genre bénéficiera dans la seconde partie de la décennie (élégies de Mme de La Suze principalement).

On relève, parmi d’autres :

Le poème est désormais consacré à l’expression d’un dilemme amoureux, présentant, pour son énonciatrice (le sexe féminin est largement dominant), tous les caractères de l’aporie. La femme amoureuse fait part de son irrésolution devant l’alternative qui se présente à elle, révèle ses émotions contradictoires, s’effraie de son désarroi et finit, en victime consentante, par reconnaître son assujettissement au pouvoir de l’amour. Sa plainte s’adresse le plus souvent à une des composantes de la relation amoureuse (soupirs, sentiments, raison) en un propos déstructuré, où se mêlent injonctions velléitaires, questionnements sans réponses, déplorations bientôt interrompues, et où se donnent à voir et se commentent les manifestations non contrôlées de la passion amoureuse : soupirs, rougeurs, regards coupables, dénégations impuissantes.

En offrant le spectacle des errements d’une âme en proie aux vertiges de l’amour, l’élégie fait la démonstration de la toute-puissance de ce sentiment, constat qui s’accorde à l’élan de célébration de de la passion amoureuse traduit, à la même époque, dans la vogue des questions d’amour. La plainte féminine répond à cette exigence de manière particulièrement appropriée : dépourvue des artifices de la rhétorique et de la culture savante, répondant par conséquent aux critères du naturel, elle est, mieux que tout autre, à même de toucher son destinataire. Conçue pour produire son effet au travers de la lecture à haute voix, elle correspond dès lors aux critères de l’œuvre mondaine.

La seconde partie des Nouvelles Nouvelles insère deux de ces élégies : l’« élégie de la prisonnière » et la « réponse de Philis à l’élégie du soupir ».

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