Pointe

Même si elle figure bien en vue dans le titre de la « conversation des pointes et pensées », la pointe ne fait pas l’objet d’un discours élaboré dans les Nouvelles Nouvelles. C’est la notion de pensée qui recueille l’essentiel des caractéristiques qui lui sont habituellement dévolues dans les textes contemporains.

La pointe, dépréciée la plupart du temps, se révèle être avant tout une notion polémique, destinée à jeter le discrédit sur un texte ou un auteur. Dans un usage plus spécifique, elle peut aussi désigner la clausule de l’épigramme

Dans la pratique, la pointe consiste la plupart du temps en une équivoque, parfois une hyperbole ou une métaphore. Jeu de mots de circonstance, improvisée “sur-le-champ” (p. 197), elle doit permettre de susciter l’admiration et de révéler l’esprit de celui qui l’a faite. Elle a souvent partie liée avec la raillerie.

Usages de la pointe

La pointe peut désigner, dans les textes contemporains, des réalités très différentes :

Les discours et la pratique

Si dans les discours, la pointe est une notion essentiellement polémique connotée négativement, dans les faits, la pratique de la pointe, entendue comme un usage détourné du langage, demeure vivace dans la littérature mondaine, selon une “poétique de la syllepse généralisée” (A. Genétiot, Poétique du loisir mondain, Paris, Champion, 1997, p. 304) attestée par Boileau (Art poétique, chant I) : “Ce n'est pas quelquefois qu'une Muse un peu fine, / Sur un mot, en passant, ne joue et ne badine, / Et d'un sens détourné n'abuse avec succès / Mais fuyez sur ce point un ridicule excès”. La pointe, dans la mesure où elle peut répondre à l’esthétique de la surprise, provoquer des effets similaires au sublime et aux beaux endroits, est une pratique courante dans les milieux mondains, certes selon certaines restrictions (exigences de clarté, de naturel, de mesure). Elle permet d’agrémenter le discours, de le relever du piquant nécessaire à détourner l’ennui des gens de cour.

Les défenseurs de la pointe

Héritée du maniérisme italien et du conceptisme espagnol, la pointe a été importée en France au début du siècle, par le biais de Voiture notamment. Mais la pointe baroque a rapidement été dénoncée pour ses excès, aussi dans un esprit d’affirmation nationale. Quelques auteurs se sont faits les défenseurs de la pointe, c’est notamment le cas de Cyrano de Bergerac dans :

La défense de la pointe se décline chez Cyrano selon plusieurs axes :

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